Paul-Louis Martin devant la maison de la prune (image: Marc Larouche, Le Soleil, 9 novembre 2006)

En 1974, Paul-Louis Martin, peu après son diplôme universitaire en archivistique et en ethnographie, achète le domaine de Sifroy-Guéret dit Dumont situé à Saint-André-de-Kamouraska. Il était probablement loin de se douter l’importance qu’il aurait dans sa vie future.

En effet, près d’une centaine de pruniers de Damas, encore en bonne santé, poussaient dans un verger abandonné. Après avoir goûté et pris conscience de l’histoire de cette prune dans l’alimentation humaine au cours des millénaires, lui, sa femme et ses 3 enfants ont décidé de restaurer l’ancienne maison et la pruneraie en 1978.

En fait, les pruniers de Damas (pourpres et jaunes) ont été apportés par Champlain qui les sema un peu partout sur les bords du Saint-Laurent jusqu’à la Malbaie, incluant l’Île-aux-Coudres.  Outre cette variété, il n’était pas rare de tretrouver aussi la Mirabelle et la Reine-Claude.

Au début du XXe siècle, la région de Kamouraska expédiait par goélette les petites prunes du Bas-du-Fleuve vers les marchés de la grande ville. Selon Paul-Louis Martin, on recensait en 1901 pas moins de 218 000 pruniers dans l’est du Québec, contre seulement 2000 dans la région de Kamouraska en 1983.

Ainsi, 15 ans après le début de sa restauration, soit en 1993, la famille De Blois-Martin ouvrit la maison de la prune où des centaines de visiteurs viennent chaque année y goûter (fraiche ou transformée) les produits associés à cette prune.  Aujourd’hui, c’est plus de 1500 pruniers que vous pourrez contempler entre le début août et la mi-octobre, soit davantage de pruniers qu’aux moments de ses belles années d’antan. 

D’ailleurs, peu de vagues ont été faites sur ses différentes distinctions, notamment le prix « Gérard-Morisset » décerné en décembre 2006 par le Gouvernement du Québec, soit la plus haute distinction dans le domaine du patrimoine.

Car Monsieur Martin n’est pas seulement arboriculteur dans l’âme, il est aussi chargé de cours en histoire à l’université du Québec à Trois-Rivière et l’auteur d’ouvrages tels: Histoire de la chasse au Québec (Boréal, 1980) Promenade dans les jardins anciens du Québec (Boréal, 1996), À la façon du temps présent, trois siècles d’architecture au Québec (Presse de l’Université Laval, 1999), et Les fruits du Québec, histoires et traditions des douceurs de la table (Septentrion, 2002) Voir article du 12 janvier 2011.

Si vous passez dans le coin, la maison de la prune est située au 129, Route 132 Est à Saint-André-de-Kamouraska. Vous pouvez aussi les rejoindre au 418-493-2616. À notre connaissance, les propriétaires ne possèdent aucun site Internet.
 

Saviez-vous que:
En 1840, un commerçant et notable de la région, Sifroy Guéret dit Dumont, acquiert une propriété de 150 acres, dont trois arpents faisaient front sur le fleuve. Il fait construire une imposante résidence de 24 pièces, constituée de bois de cèdre et de pin, sise sur un sous-bassement de maçonnerie. L’emplacement est judicieusement choisi, protégé par des collines et un microclimat accentué par le fleuve permettra à Sifroy Guéret de planter 1000 pruniers, dont la fameuse prune de Damas.