On veut créer un réseau international de recherche en agriculture biologique et lancer un grand pavé dans la mare du mouvement de la conservation des semences. 

Michel Lachaume (image: le bulletin des agriculteurs, décembre 2010)

C’est en ces termes que Michel Lachaume, un free-breeder, veut brasser la cage de ceux qui croient qu’on peut maintenir indéfiniment d’anciens cultivars de fruits et de légumes sans les « revitaliser ».

Pour faire une brêve parenthèse, sachez que le terme « free-breeder » réfère, en traduction libre, aux hybrideurs qui,  comme Monsieur Lachaume, n’ont aucun intérêt commercial mais le font par intérêt et passion sur une base individuelle et gratuite. 

Par l’absence de terme français, l’association Kokopelli, souhaite justement  proposer  les appellations « polleniseurs » ou encore « pollinnovateurs » pour bien décrire ces gens qui, à travers le globe, sélectionnent les meilleurs spécimens pour en développer d’autres plus adaptés au monde d’aujourd’hui et ce, en utilisant du matériel génétique, entre autre, d’anciens cultivars.

Par exemple, l’américain Tom Wagner, autre « sélectionneur » reconnu, possède à son actif près de 100 000 lignées de pommes de terre et de tomates.

D’autres, concentreront leurs efforts à revitaliser les variétés d’antan afin de leur donner un second souffle.

Pour en revenir au sujet, Michel Lachaume renchérit en disant:

On se concentre tellement à sauvegarder des variétés pures que nous sommes en train de les faire disparaître.  

Effectivement, il regarde le thème sous un angle différent. L’importance de présever les anciennes variétés amène l’idée de les isoler pour ne pas qu’ils se croisent avec d’autres plants; ce qui modifierait leurs caractéristiques génétiques. 

Tom Wagner avec l'une de ses créations de pomme de terre (image: The Seattle Time, 4 juin 2011)

Malheureusement, selon lui, les faibles quantités produites appauvrissent justement la richesse génétique puisque dans la nature, les plantes s’échangent du pollen entre elles.

Ainsi, « la cosanguinité », après plusieurs générations, peut faire diminuer la productivité. Les fruits ou légumes vont se fragiliser. Les plants se dégénérer ou être sujet à la maladie. D’où l’importance de « recréer sans relâche la biodiversité au sein des anciennes variétés ». Le passé pourrait lui donner raison car l’une des théories concernant le goût exceptionnel du melon de Montréal était justement l’instabilité génétique du fruit qui faisait en sorte qu’on devait le sélectionner à chaque année pour en conserver la saveur unique. Et à l’époque, il y avait des milliers de fruits produits annuellement.

Cette constatation n’est pas faite par le premier venu car Monsieur Lachaume est de plus en plus reconnu pour son expertise à l’échelle internationale concernant l’amélioration des plantes au potager. Par exemple, il fait parti des rares nord-américains ayant développé des pommes de terre sans OGM, nutritives et surtout, libre de droits commerciaux. Et il est invité comme conférencier par plusieurs organismes ayant à coeur la biodiversité un peu partout dans le monde.